Comment pratiquer

Mots-clés : pratique, mushotoku

Pas de commentaire,  « just do it » comme disait Jerry Rubin ! Sauf que selon moi si l’on n’est pas engagé, préparé, disposé, prêt à lâcher prise de son égo, de ses conditionnement, de son mental tyrannique  la pratique ne sert presque à rien du moins dans sa dimension spirituelle. Elle devient un habit de plus qu’on endosse pour se protéger du monde et assurer une illusoire sécurité.

Comment pratiquer ?

Pour les débutants, faire le plus possible de sesshins, surtout, parce que la sesshin est quand même une initiation. Seulement tout le monde ne peut pas venir en sesshin, pour une question d’argent, une question de distance, tout le monde ne peut pas non plus assister régulièrement aux séances de zazen dans un dojo, pour des raisons d’éloignement ou autre, donc, dans tous ces cas d’espèces, zazen seul. A condition, de ne faire zazen que quand on ne peut pas faire autrement. Mais de toute manière la régularité étant ce qui est le plus important, on est obligés nécessairement, d’inscrire un zazen seul dans son programme. Il n’y a pas zazen dans tous les dojos tous les jours. Mais zazen seul demande quelques précautions. Ces précautions c’est celles que Maitre Deshimaru a indiquées à ses disciples. Premièrement pas de zazen trop long, pas de zèle intempestif justement pour gagner plus vite. On ne gagne pas en zazen. Donc, 20 minutes pas plus. Si vraiment vous avez du temps, envie de continuer, un petit kinhin autour de la pièce où vous serez et vous refaites 20 minutes éventuellement. Ne jamais oublier de faire zazen avec de l’encens. Ce n’est pas pour rien que dans toutes les religions on brûle de l’encens. L’encens est pacifiant, il élève l’âme. Il calme. Donc votre zafu, si vous en avez, vous mettez votre kimono, pour les Boddhisattva, n’oublier jamais de mettre votre rakusu, c’est une aide qu’il ne faut pas négliger. Et donc tâchez de trouver premièrement votre endroit, deuxièmement votre temps pour faire zazen. Ça dépend de votre emploi du temps, ça dépend aussi de votre tempérament. Il y a des gens pour qui le zazen au réveil, le plus rapidement possible est le meilleur zazen, pour d’autres, ça peut être le zazen avant le coucher. Mais en tout cas il faut, au moins 20 minutes où vous n’ayez pas à penser, à vous presser. Il faut être paisible en commençant et en finissant. Et l’endroit c’est évidemment l’endroit le plus calme possible de l’endroit que vous habitez, c’est à vous à le découvrir et une fois que vous avez trouvé l’endroit où vous êtes bien, il faut toujours le faire au même endroit. Il y a une sorte d’imprégnation, vous savez, un peu comme dans les églises, à force d’y prier, il y a encore des prières dedans. C’est un peu la même chose. Et, surtout, ne forcez pas. Pas de zèle. Pas trop de zèle. Parce que si, dans votre enthousiasme, vous décidez d’en faire une heure tous les matins, voire plus, au bout de quelques temps vous vous apercevrez que vous ne pouvez pas tenir ce rythme. Vous allez régresser, avoir une impression de régression et vous allez vous en vouloir. Tandis que 20 minutes, vous pouvez toujours les placer dans une journée. Et puis si vous en faites trop, vous chercherez un résultat, vous voudrez obtenir quelque chose, or zazen c’est mushotoku. Sans aucune idée de profit. Parfois je dis en parlant de ce fameux satori qui est un mythe du zen comme vous le savez, plus vous courez après, plus il va vite, plus il vous échappe, si vous lui tournez le dos, il risque de vous tomber dessus. Ne pensez pas à tout ça quand vous faites zazen, pensez simplement à inscrire zazen dans votre vie quotidienne, dans votre journée, et c’est d’ailleurs comme ça que vous en ressentirez la nécessité. Le jour où vous n’aurez pas eu le temps de faire zazen, peut-être vous aurez l’impression en fin de journée que cette journée a été moins bonne que les autres, moins profitable. Moins détendue et vous comprendrez la nécessité pour vous de commencer ou de finir la journée par zazen. Il se produit ce phénomène bizarre, moi généralement j’ai plutôt le temps de faire zazen le soir, quand tout est fini, et j’ai observé, mais ça tout le monde l’observe, qu’on dort moins longtemps. Je me réveillais beaucoup plus tôt que d’habitude, tout simplement parce qu’il y a une équilibration de l’organisme, un apaisement progressif qui correspond déjà au sommeil. Vous vous rendrez compte au bout de quelque temps que votre vie commence à changer, votre rapport à votre vie, une efficacité plus grande au niveau du geste, des actes, des paroles, une plus grande justesse, surtout. Et vous vous rappelez, ceux qui ont assisté à toute la sesshin, dans l’octuple sentier, dans les 8 vertus que doit pratiquer celui qui veut entrer sur la voie, continuer sur la voie, il y a qui revient perpétuellement « compréhension juste, le geste juste, action juste, moyen d’existence juste, concentration juste », le fin mot de l’affaire, c’est « juste ». Or pratiquement vous ne pourrez l’acquérir qu’à travers le zen, le perfectionner à travers la pratique, donc dans cette mesure-là, votre vie quotidienne va elle-même changer. Vous ferez des choses qui vous semblaient impossibles pour vous. Parce que vous aurez la concentration parfaite et en plus, c’est tout bénéfice, puisque si votre action est juste, et votre parole est juste, elles ne comptent pas dans le karma, vous n’accumulez pas de karma si votre action est parfaite. C’est pourquoi nous sommes très attentifs dans le dojo à faire les choses d’une façon très juste. C’est un apprentissage, entrer du pied gauche, sortir du pied droit, tourner à angle droit, ces choses qui paraissent un formalisme, c’est un apprentissage. Et c’est parce que les gens font des gestes n’importe comment, dans un très grand désordre, que leur vie est en désordre. Qu’eux-mêmes sont en désordre au-dedans aussi. Ce n’est pas une préoccupation d’ordre venue de l’extérieur, c’est une exigence interne, une compréhension de, et ça c’est seulement à travers le zazen qu’on peut l’accueillir véritablement comme une chose essentielle. Donc, le zazen quotidien c’est le guide de la vie quotidienne, c’est aussi la mise à la disposition pour la journée d’un trésor d’énergie qui s’emploierait autrement de manière anarchique. Vous avez la pleine disposition de vous-même, si vous faites zazen.

CENTRE ZEN DU MOULIN DE VAUX