Le zazen

Mots clés : Le zazen – le salut

Commentaire :

 La partie sur la longueur du zazen va de soi si l’on a un tant soit peu pratiqué. La partie sur le salut est plus intéressante au vu du Bouddhisme en général qui est une sotériologie, une religion du salut. Le Bouddha a été déifié et on peut accumuler des mérites si on l’implore. La proposition de Jacques Brosse est plus modeste et presque matérialiste. Ce n’est pas par la dévotion qu’on obtiendra une meilleure réincarnation mais par une pratique assidue de l’octuple sentier.

 

Mondo

Vous pouvez défaire vos jambes, à condition d’avoir des postures à peu près décentes.

Alors, c’est à vous de parler, maintenant. Vous pouvez me faire des protestations qui témoignent de votre mécontentement. Vous avez tous les droits.

Participant : Lorsqu’on a mal à une cheville par exemple … ?

 

JB : Ce n’est pas grave.

 

P : Qu’est-ce qu’il faut choisir ? défaire la jambe ?

 

JB : C’est à vous de savoir si vous souffrez. Ne vous occupez pas du kusen. Le kusen, c’est un bruit de fond, vous vous ennuieriez beaucoup trop si je ne vous faisais pas de kusen. Alors ce n’est pas grave, vous faites ce que vous voulez. Ne vous posez pas trop de problèmes. Si vous avez trop mal à votre cheville, changez de jambe. Dénouez-vous. Mais ne pensez pas que ce soit pour m’écouter. Ce n’est pas important. Ce n’est pas grave. Vous entendrez quand même quelque chose. Je vous l’ai dit, il n’y a pas à écouter avec attention le kusen. C’est une espèce de fleuve, et puis tout à coup, vous trouvez quelque chose qui vous intéresse dedans. Vous le saisissez au passage, comme un poisson.

Ne vous bloquez pas sur des choix, comme ça. Faites-le tranquillement. Vous avez mal aux jambes, eh bien, décroisez vos jambes. Et alors, à ce moment-là, vous entendrez peut-être mieux. Mais c’est une conséquence secondaire.

 

Alors, personne ne proteste parce que je vous détiens quarante minutes en posture ? Vous êtes de bonne composition.

La question de durée du zazen, c’est évidemment très important. Mais ça doit être aussi assez souple. En ce sens que vous attendez vos vingt-cinq minutes réglementaires, vous allez attendre ce moment et vous allez avoir une petite routine qui va s’installer. Vingt-cinq minutes, j’arrive à peu près à tenir vingt-cinq minutes, tout va bien, je vais m’en tirer. Si on décale l’horaire, ça vous trouble. Eh bien, c’est tant mieux. Il ne faut pas qu’il y ait un ronron du zazen. Cela dit, je peux vous faire des zazens moins longs que vingt-cinq minutes aussi. Ca dépend de ce que je sens de vous. Là je pense que vous pouvez tenir quarante minutes, la preuve c’est que vous avez tenu.

 

 

JB Il ne faut jamais garder une montre en zazen, ah non ! Ceux qui font zazen avec un réveil devant eux …. Ce n’est pas possible. Même si vous le faites seul. Puisque vous êtes hors du temps. Vous vous déconditionnez en zazen. Alors vous vous reconditionnez avec une heure. Parce que bien sûr en sesshin, vous ne pouvez pas avoir un réveil qui va sonner. Ce n’est pas possible. Vous pouvez, en effet, regarder votre montre si vous avez une montre-bracelet Ne la regardez pas, ou alors, ne l’emportez pas. Ce sera encore beaucoup mieux. Moi, je n’ai jamais de montre. Là j’en ai une, simplement parce que c’est pour vous. Parce que, autrement, je ne me rendrais peut-être pas compte du temps qui vient de passer. Autrement je n’ai jamais de montre. C’est très mauvais.

 

 

  1. Tout le monde a un karma. Et il est à la fois négatif et positif ?

 

JB : Oui, on a toujours les deux. Il n’y a personne qui puisse n’avoir qu’un karma négatif. Il s’agirait au mieux, je dis au mieux, d’un araka, l’enfer, parce qu’il y a des enfers dans le bouddhisme, qui ne sont pas permanents, à la différence des enfers chrétiens. Mais il serait au plus bas, donc il ne serait pas vivant avec une condition humaine. Un karma entièrement négatif, il serait … il aurait rétrogradé. Donc un humain a forcément du karma négatif et positif.

 

Différence entre christianisme et bouddhisme – le salut

 

Mais ce n’est pas du tout pareil non plus. Parce que d’abord, en principe, dans le christianisme, on a une vie, pas deux. Alors ça veut dire que, pendant cette vie-là, vous allez faire votre salut ou votre damnation. Il n’y a pas ça dans le bouddhisme. D’abord parce qu’il n’y a pas de salut, et ensuite, parce qu’il n’y a pas de damnation. Il n’y a pas de salut, parce que le salut, ce serait le nirvâna. Le nirvâna, c’est déjà maintenant. C’est déjà le nirvâna. Donc ce n’est pas un monde étranger, vous y êtes déjà. Vous n’avez pas à acquérir le salut. C’est tout à fait différent. Simplement, ce que vous devez souhaiter c’est l’éveil. C’est une clairvoyance extrême. Ce n’est pas une ascension vers le ciel. Ça se passe ici et maintenant, l’éveil. Le salut, ça se passe après la mort. C’est la différence. Et puis, en plus, il n’y a pas non plus de damnation à perpétuité, dans le bouddhisme. Puisque celui qui descend en dans l’enfer des Asuras, celui qui monte au paradis des Dévas, vous dites qu’il a un karma positif. C’est puéril toutes ces vues. C’est une approximation. Je n’y crois pas tout à fait à ces paradis des Dévas, je n’y crois pas. C’est à vivre à l’intérieur, ce ne sont pas des vues extérieures à vous, par rapport au christianisme.

Donc, celui qui a un karma positif, il dit : bon, j’ai mon petit capital, je vais me payer des grandes vacances. Donc il monte au paradis des Dévas. Et après, son compte est négatif, parce qu’il y a toujours du négatif dans un compte. Donc, il faut qu’il redescende. Mais là, encore une fois, tout ça, c’est tout à fait impermanent. Il se trouvera à devoir payer son addition, si je puis dire, mais il ne sera pas damné.

Il n’y a pas de damnation.

On peut, en effet, comparer le processus de l’incarnation à la chute originelle. Bien sûr, il y a des comparaisons possibles. Mais les conséquences ne sont pas les mêmes du tout. Parce que, Adam, il n’a vécu qu’une vie. Il est mort à 953 ans d’après la Bible, mais il est quand même mort.

 

En fait que ces concepts ne sont que des indications sur le chemin et il faut les prendre comme telles.

CENTRE ZEN DU MOULIN DE VAUX